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L'orgue Cavaillé-Coll
L'orgue Cavaillé-Coll

L’orgue de l’église Saint-Pierre de Verberie

Cet orgue fut conçu par Aristide Cavaillé-Coll, facteur d’orgue reconnu du XIXè siècle. L’histoire de cet orgue est assez extraordinaire.

Aristide Cavaillé-Coll
Aristide Cavaillé-Coll

Aristide Cavaillé-Coll (4 février 1811-13 octobre 1899) fut l’un des plus grands facteurs d’orgue du XIXe siècle.

Né dans une famille de facteurs d’orgues à Montpellier, il débute très tôt dans la profession, associé à son père et à son frère Vincent, facteurs d’orgues tous deux. En 1833, à la demande de Rossini qui a besoin d’un petit orgue pour accompagner un opéra,  il s’installe à Paris. Il remporte le concours ouvert pour la construction d’un grand orgue à l’abbaye royale de Saint-Denis et devient alors connu. 

Cet ouvrage achevé en 1841, marque le début d’une carrière exceptionnelle.  Aristide Cavaillé-Coll a révolutionné l’orgue avec l’emploi de machines Barker permettant de soulager le jeu de l’organiste, et ajouté de multiples perfectionnements : jeux harmoniques, récit expressif, pressions multiples, plans sonores pensés non plus en opposition mais par masses venant composer un tutti puissant.

Peu avant 1843, les Cavaillé-Coll construisent un orgue privé pour Hippolyte Mosselman, parent du banquier Alfred Mosselman et propriétaire du château d’Aramont à Verberie. Cet orgue installé en 1845 servit de décor dans le salon du château pendant 45 ans. Le meuble était simple et les tuyaux étaient protégés par un rideau.

En 1890, Mme de Maindreville, alors châtelaine d’Aramont, fait don de l’instrument à la paroisse de Verberie afin de remplacer l’orgue de Longpré devenu peu à peu inutilisable. Les travaux auraient eu lieu au cours de l’année 1890. L’ancien orgue démoli, la tribune aurait été consolidée et l’orgue Cavaillé-Coll remonté avec quelques aménagements extérieurs pour s’intégrer à l’église. Ce serait à cette occasion qu’on y aurait ajouté au-dessus le buffet er les tuyaux fictifs, la croix qui le surmonte et les deux statues situées de chaque côté qui se trouvaient sur l’ancien orgue de l’église.

Orgue de Saint-Sulpice
Orgue de Saint-Sulpice

Les travaux sont terminés à l’automne 1890 et l’inauguration officielle qui attire beaucoup de monde a lieu le dimanche 19 octobre 1890. C’est donc cet orgue qui fut utilisé par la suite pour les cérémonies religieuses, et joué par des organistes appointés par la fabrique. L’orgue ne connut aucune modification au cours de la première moitié du XXè siècle étant néanmoins entretenu régulièrement.

Il fallut attendre 1950, pour que l’abbé Orrhant, curé de la paroisse de Verberie, modernise enfin l’instrument en faisant installer une soufflerie électrique par un artisan de Beauvais.

Quelques années plus tard, l’instrument fut relevé, nettoyé et ré-harmonisé par M. Tisserand. Puis un artisan menuisier de Verberie traita le bois du buffet attaqué par les souris.

En 1973, des musiciens qui donnaient un concert dans l’église redécouvrirent l’orgue Cavaillé-Coll, pratiquement intact. Cela suscita un nouvel intérêt pour cet instrument historique lui permettant d’être sauvegardé, connu et utilisé, à la plus grande satisfaction des connaisseurs.

L’orgue de Verberie est très intéressant car il s’agit non seulement d’une des premières expériences du grand facteur d’orgues romantiques, mais également  au fait que cet instrument a réussi à traverser plus d’un siècle sans transformations majeures. Seuls un démontage et un remontage en 1890, ainsi qu’un relevage en 1950 ont eu lieu. L’orgue de Verberie est un témoignage presque intact des débuts de la facture romantique. Il est robuste, en particulier la qualité des sommiers er de la transmission.

Cependant, l’instrument aurait besoin d’un bon nettoyage et de certaines réparations urgentes, effectuées jusqu’ici par l’organiste avec les moyens du bord (réparation des soufflets, restauration des sommiers, changement de certaines vergettes, changement des ressorts, des claviers … ). Il importe de conserver la registration originale et de ne supprimer aucun jeu existant. On pourrait par contre remplacer le pédalier restreint actuel par un pédalier normal de 3 octaves en y ajoutant un jeu indépendant : par exemple une soubasse 16, qui serait parfaitement conforme à la registration romantique et comblerait une lacune importante de l’instrument.

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Références :

  • Texte de Q. Berner er Ph. Geoffroy – Une histoire buissonnière de Verberie
  • Copie de la délibération du conseil de fabrique, envoyée à la sous-préfecture de Senlis – Dossier 0 – Verberie – Archives départementales de l’Oise à Beauvais.
  • Cf. Bibliothèque municipale de Compiègne. Cet article a d’ailleurs été reproduit dans un article paru  dans le bulletin paroissial de Verberie, ( Le phare de Saint-Pierre ) en 1931.
  • Comme le prouvent les encoches faites derrière les tuyaux de montre. Le diapason n’a en effet cessé d’augmenter depuis le XIXe siècle.
  • Archives municipales de Verberie – Dossier 4 p. 2.